Récit d’une petite virée en side-car sous la neige, d’une sortie pré-confinement qui, je l’espère, vous permettra de vous évader par procuration pendant quelques instants…
L’hiver se fait rare, sur le plat pays… Si bien que lorsqu’il frappe à notre porte, il serait dommage de ne pas en profiter ! Tandis que les amateurs de glisse se massent sur les Hautes Fagnes, j’y tente pour ma part l’aventure au guidon de « Mr Jack », mon side-car. Habitant sur le plateau de Herve, juste aux portes des Ardennes, je suis quelque peu déçu en ce début d’après-midi. Car malgré les prévisions météos la route reste bien sombre… De ce fait, n’écoutant que mon envie d’en découdre avec la neige, je reprends mon chemin plein est, direction le toit de la Belgique.
Point de difficultés majeures, le niveau de poudreuse semble proportionnel à l’altitude et je croise assez peu de blancs cristaux sur la chaussée dégagée. Comme prévu, au sommet du mont Rigi, une incessante vague de skieurs, surfeurs, lugeurs et même simples promeneurs me saluent de leurs sourires. Les bas-côtés comme les parkings sont envahis, difficile d’immortaliser ce moment… Mais alors, que faire ? Et si, plutôt que d’aller là où le troupeau se rend l’hiver, j’allais plutôt là où il se rend l’été ? Direction le lac de Bütgenbach, en espérant des routes plus enneigées…
Le doux ronron du bicylindre me berce tandis que les kilomètres défilent sans embarras, laissant mon esprit s’imprégner de magnifiques paysages en noir et blanc. Pour ma plus grande satisfaction, le lac et ses abords sont déserts ; un régal pour les yeux !
A l’ancienne, sans carte, sans GPS, je décide de prendre le chemin du retour en me fiant simplement à de vagues souvenirs géographiques… Je traverse quelques villages recouverts de flocons, et puis le barrage de Robertville, en direction du célèbre circuit de Spa-Francorchamps. Passé la commune de Malmedy, malgré une chaussée de plus en plus enneigée, mon vieux flat-twin est comme pris de frénésie ! Voilà que je titille la zone rouge, pour le plaisir de mes esgourdes, mais aussi un peu pour réveiller les mamies de tous âges qui naviguent à la vitesse d’un limaçon asthmatique.
Je marque une pause au lieu-dit Les Combes pour admirer le paysage, mais celui-ci est pour ainsi dire rendu invisible. J’attaque alors la route contournant la piste : 8 % en descente, 8 % en montée, 8 % en descente, etc… Ni le freinage ni la direction ne font défaut, en revanche les 33 % de motricité propres au side-car montrent leur limite. Qu’à cela ne tienne, je déplace mon séant vers l’arrière, renonçant à mon élégance pour fournir une aide providentielle. C’est que je viens de reprendre conscience du temps qui passe, et qu’à présent je dois rentrer.
Je décide par conséquent de rejoindre ce que les indigènes germanophones appellent autobahn, afin d’y sacrifier quelques bornes. En chemin, signal de détresse allumé, un bahut ayant du mal à gravir la côte qui se présente à nous m’oblige à jouer des gaz. Tandis que je le dépasse avec le panier en crabe, 100 % de sensations, surprise : un camtar peut en cacher un autre ! Me voilà contraint de me jeter entre les deux pour éviter l’auto(chtone) qui arrive en face ; coup de chaud dans le froid… Si la suite s’avère plus monotone, elle est aussi moins éprouvante, heureusement.
De retour juste à temps pour glisser une bûche dans le feu, je découvre que mon plateau, encore si vert au départ, a maintenant revêtu son manteau blanc. De l’Homme, ses sens sont l’essence. Mon ami, si tu ne sais apprécier que l’éclat de l’été en terrasse, à côté de bien belles choses tu passes…
Merci pour ce moment d’évasion !
Ton texte nous emmène à bord de « Mr Jack ».
On the road again !
Brouuummm…
:) 🤙