N’en déplaise aux partisans de « la manif pour tous », cette ravissante Yamaha XT 125 scrambler peut se vanter d’avoir deux papas : Hubert & Guirec.
On peste beaucoup contre les algorithmes des réseaux dits sociaux. Mais quand on prend la peine de les éduquer (« Voir en premier », « Masquer cette publication »…), ils peuvent nous réserver de bonnes surprises. Dernièrement c’est celui d’Instagram qui a choisi de me donner des nouvelles de Guirec, alors que je n’ai plus croisé notre camarade depuis un bail. Une photo m’exposait le récent résultat de son taf en métallerie, en l’occurrence un super boulot réalisé dans un resto de mon propre bled. Une cantine à découvrir ?
Toujours est-il que, poussé par la curiosité, j’en suis venu à parcourir son profil. Et v’là t’y pas que je suis tombé sur cette magnifique Yamaha XT 125 scrambler, qu’il n’avait pas pris la peine de me présenter. Cachottier ! Le projet a démarré sur un spot de surf de la Côte d’Opale…
« On a rencontré là Guillaume, proprio d’un trail de 1983 inutilisé depuis trop longtemps. Il avait vu passer des bécanes dont nous nous étions déjà occupés, Hubert et moi : DR 125, Super Cub, CB 125 & 550. Du coup il nous a rapidement fait confiance pour préparer sa moto à une nouvelle vie. Le cahier des charges tenait en une ligne : s’inspirer des machines de cross des années 70. Cette seule directive posée, on a eu carte blanche et bossé en secret jusqu’à la livraison. »
Première étape pour nos acolytes : dénicher le réservoir vintage parfait, lequel notamment laisserait apparaître le mono-amortisseur de la suspension Cantilever. Après avoir écumé quelques brocantes et bien sûr les annonces en ligne, c’est finalement chez leur pote Camino Viejo qu’ils l’ont trouvé. Très joliment redécoré par Louis Classics & Customs, ce bidon qui n’a pas été simple à adapter repose désormais sur les silentblocs de nouveaux supports. D’ailleurs le cadre a été modifié en quelques endroits, avant de recevoir lui une teinte noire satinée, et cette selle sur-mesure.
« Elle est aussi esthétique que confortable !
Au rayon des pièces maison, on peut également citer :
- Les supports de phare en inox ;
- Le porte-paquet qui ne prive pas de l’accès à la trousse à outils ;
- Et naturellement la ligne d’échappement avec son silencieux et son pare-chaleur.
Le nettoyage des jantes à rayons nous a occupés une paire de soirées (une petite pensée pour les copines mises à contribution…). Elles sont désormais chaussées de pneus cross (les roues, hein, pas nos copines !). Et pour finir nous avons soigneusement rénové les plastiques, en conservant à l’arrière la plaque d’immatriculation d’origine, et sur le garde-boue avant le badge riveté par la concession Ducroo. »
Il faut dire que ce nom résonne de façon particulière, pour nous autres presque lillois. D’abord parce que la famille en question fut liée à la moto pendant des décennies, et son magasin de la rue Inkerman une institution. Ensuite parce qu’elle fut frappée voilà une douzaine d’années par un drame qui a marqué les esprits, et que le caractère accidentel ou criminel de la mort de Thomas fait toujours débat. Or on suppose, évidemment, le deuil plus difficile encore lorsque la vérité n’est pas établie de façon certaine… Mais revenons-en à un sujet plus léger.
« Le moteur, une fois reconditionné, s’est vu offrir une peinture grainée et de la visserie inox. Le carburateur a pris un bain d’ultrasons, les roulements ont été remplacés, la fourche a bénéficié d’une réfection complète… En outre le faisceau électrique a été revu et simplifié, l’engin débarrassé de sa lourde batterie. Et en définitive nous avons installé un kit chaîne neuf avec une démultiplication plus fun. Ca va cabrer ! »
Hubert & Guirec ont consacré pas mal de temps et d’énergie à ce chantier, et surmonté une à une les galères qui se sont inévitablement imposées. J’ai eu un coup de cœur au premier regard, pour cette Yamaha XT 125 scrambler. Par conséquent c’est une joie que de pouvoir la mettre en lumière ici. Mais la mienne n’est sûrement rien à côté de celle de Guillaume, depuis qu’il a retrouvé son antique bécane à la fois toute pimpante, et prête à aller se salir dans les ornières des sentiers fangeux. Après tout, qu’est-ce qu’une pétoire de ce genre irait faire sur le droit chemin ?
Petite, mais terrible…