C’est par hasard que j’ai rencontré Didier, alias Greasyrider, à l’occasion du dernier Béthune Rétro. On était en train d’admirer la même bécane, un Shovelhead rigide sorti de chez Seb Cycles, et la conversation s’est donc naturellement engagée, presque d’elle-même. Un mot en entraînant un autre j’ai rapidement compris à qui j’avais affaire, d’autant que j’avais tout récemment découvert ses travaux sur Facebook (dont l’affiche de l’évènement en question depuis quelques années), le lien n’a donc pas été difficile à faire.
Didier, c’est un double coup de cœur, comme souvent avec les gars (ou les filles) avec lesquels j’ai l’habitude de collaborer : artistique et humain. Rien d’étonnant donc dans le fait qu’on lui ait proposé de créer des t-shirts pour étoffer la gamme de notre boutique. C’est un mec talentueux, passionné, perfectionniste et inspiré, un « jeune » comme on aimerait en croiser plus souvent, et qui plus est de très bonne compagnie. Mais faites-vous vous-mêmes une idée le concernant, en lisant son interview ci-dessous…
UPDLT : Quel âge as-tu, et dans quelle région vis-tu ?
GREASYRIDER : J’ai 27 ans et je vis dans le Nord, près de Bailleul.
UPDLT : Quand et comment ta passion pour la moto est-elle née ?
GREASYRIDER : Eh ben, paradoxalement, je n’ai pas grandi aux côtés de motards. Mais je me souviens par contre qu’à l’âge de 8-10 ans, assis à l’arrière de la voiture de mes parents sur une nationale des Ardennes Belges, on s’est fait doubler par une pelleté de choppers. Gros sursaut ! J’avais jamais vu ça. Une 10aine de motards dont certains avec des casques à pointe, sur des bécanes équipées de ape hangers et d’échappements improbables, le tout faisant un raffut pas possible… La claque !
Plus tard, comme beaucoup vers 15 ans j’ai acheté ma 1ère 50 à boite, une TZR en l’occurrence. N’ayant pas 18 000,00 F à claquer là dedans, mon père m’a alors prêté les ronds pour une occas’ pas trop fraiche. 5 000 F, déjà une somme et un beau cadeau ! Le pater’ étant mécano de métier il m’a sans peine monté un cylindre neuf, et après c’était parti : pluie, vent, verglas… Rien ne t’arrête à cet âge-là quand t’as pas d’autre façon de bouger et que tu t’emmerdes dans l’Avesnois ! J’ai bien sûr vécu la blinde de crevaisons, de p’tites pannes en tout genre, et même une belle chute… Mais je ne garde de cette période que de supers souvenirs !
N’ayant ni l’entourage requis ni Internet à ce moment là, c’est en feuilletant des magazines au centre commercial que j’ai pu commencer à découvrir et à rêver de ces choppers et autres bécanes customs qui me semblaient alors inaccessibles, et que d’ailleurs je ne croisais jamais dans mon bled.
Puis, vers 17 ans, un voisin m’a légué une 125 Terrot de 1959 sortie de grange. Elle n’avait pas tourné depuis 30 ans et avait été un temps utilisée comme moto-cross. Mais on est quand même parvenus à la redémarrer avec mon père, un très beau souvenir ! Le coup de kick fatidique, et ce bruit de mono 4 temps… On l’a ensuite démontée pour la sabler, et puis plus rien. Et je crois qu’elle attend encore…
Finalement, vint le moment des 1ères paies, vers 20 ans. J’économisais alors un max’ de mon salaire d’apprenti graphiste en créchant dans une piaule minuscule, ce qui m’a permis de m’offrir un Sportster 883 de 2003, que j’ai rapidement fait repeindre en full noir mat et équipé d’un ape. Un grand moment à mes yeux, un achat jubilatoire quand tu es si jeune et que tu te le payes tout seul !
UPDLT : Quelle(s) moto(s) possèdes-tu actuellement ?
GREASYRIDER : J’ai toujours mon Sportster, et je ne compte pas le lâcher ! Au fil du temps, il a hérité d’un plus gros carbu’, de quelques modifs… Il est loin d’être parfait jusque dans les moindres recoins, il existe d’autres modèles plus désirables que celui-là, plus côtés, plus aboutis, etc… Mais mon 883 a quelque chose de juvénile, de nerveux qui me plait beaucoup. Cette bécane correspond à mon utilisation, fiable, elle envoie et demande peu d’entretien (je suis une pine en mécanique…), mais elle n’est pas vraiment faite pour les longs trajets, avec ses pneus à crampons c’est un peu un dragster des campagnes. Même si je lorgne de plus en plus du coté des motos classiques strictement d’origine, je me dis que c’est un bon parti pris que de ne jamais me séparer de ma moto, que le contraste entre les deux est intéressant.
UPDLT : Quelle moto rêverais-tu de posséder, si tes moyens n’étaient pas limités ?
GREASYRIDER : Une Norton Manx. Même une réplique conçue avec soin pourrait me satisfaire.
UPDLT : Quels sont l’endroit et les circonstances de la meilleure balade à faire selon toi ?
GREASYRIDER : Une seule réponse : la Flandre, au niveau des monts en pleine zone frontalière. Les décors sont magnifiques, et les meilleurs bières au monde sont à découvrir au meilleur prix dans des estaminets sur lesquels on ne peut tomber qu’en se perdant. Je ne retiens pas facilement mon chemin et on s’y perd très vite, un vrai régal ! C’est un endroit dont on parle peu (et tant mieux !), on y croise surtout des clubs de caisses anglaises, des chevaux, des promeneurs, bref, rien de stressant. Depuis que j’ai découvert ce coin je n’en suis plus jamais reparti, et tant pis si cela m’a obligé à m’éloigner de mon lieu de travail et de ma famille.
UPDLT : En dehors de la moto, as-tu un autre passe-temps, une autre passion ?
GREASYRIDER : Quand je ne dessine pas, en bon ado’ attardé que je suis je collectionne les vieilles consoles de jeux vidéo. Je ne suis pas un gros joueur mais j’aime bien accumuler et conserver des trucs depuis tout petit, même si ça prend de la place et que (comme si la moto ne suffisait pas…) ça coûte des ronds !
UPDLT : Comment as-tu connu « Un pneu dans la tombe », et qu’est-ce qui t’a donné envie de consacrer un peu de ton temps et de ton énergie à ce projet ?
GREASYRIDER : J’ai découvert ce blog un peu par hasard, après avoir rencontré son éditeur en 2012 lors de Béthune Rétro (un festival dont je créé l’affiche depuis quelques années…) et que celui-ci m’ait proposé de collaborer. Me retrouvant bien dans cette vision particulière de l’univers de la moto et de ses différents acteurs (préparateurs, artisans, organisateurs d’évènements, etc…), prendre part au projet m’a paru naturel et évident.
UPDLT : En tant que graphiste/illustrateur, d’où te viennent ton style et ton inspiration ?
GREASYRIDER : La musique est un véritable moteur pour l’inspiration, ça met plein d’images dans la tête ! Après, forcément, en roulant et en étant confronté à des situations ou des gestuelles toute bêtes du quotidien, mais qui parfois deviennent de jolis cadrages sur le papier. Pour ce qui est des grands que j’admire beaucoup, il y a Norman Rockwell par exemple, lui qui à travers son approche « sculptait » littéralement les situations, les expressions, en photographiant d’abord ses modèles, avant d’en reproduire les portraits sur la toile en exagérant certains traits ou certains détails. Je trouve cette façon de préparer aussi incroyable que le rendu final, et je reviens souvent moi-même à des photos pour travailler. Mais je n’ai pas vraiment d’illustrateur fétiche, plutôt l’œil facilement attiré par les dessins aux traits noirs et il y en a énormément !
Au regard de sa 1ère création pour UPDLT, ce t-shirt qu’il porte lui-même sur le portrait qui illustre cette interview, son goût pour « les dessins aux traits noirs » n’était pas difficile à deviner ! Aussi, en attendant peut-être la prochaine illustration dont il voudra bien nous faire profiter, si cet échange vous a donné envie d’en savoir encore plus sur ce garçon et de le rencontrer, sachez que Didier participe régulièrement à notre fameux RDV mensuel, raison de plus pour vous joindre à nous…
P.S.: Et pour découvrir d’autres travaux de Didier, alias Greasyrider, pensez à le rejoindre sur Facebook !
Super !
Au plaisir de découvrir tes prochaines réalisations Didier !
:)