Inconnus au bataillon il y a peu, les fondateurs de KD Motorcycles Belgium ont dégainé un dragster rétro (sur base de Triumph T140) qui a trouvé sa place au championnat AMD.
C’est en juin dernier, à l’occasion de l’European Hot Rod & Custow Show de Chimay, que j’ai fait la connaissance des gars de KD Motorcycles Belgium. Juste après nous être garés devant leur stand, on était tombés nez à nez avec leur superbe Triumph T140 aux allures de dragster rétro, et restés en arrêt un moment devant cette bécane qui plaçait d’emblée la barre très haut. Tellement, qu’en fait elle restera ce jour-là celle qui nous a fait la plus forte impression ! Et pourtant, comme nous l’explique Mike le « chargé de communication » de la bande, il ne s’agit que de leur première réalisation…
« Pascal et Laurent se connaissent depuis une vingtaine d’années, et partagent depuis toujours la même passion pour la moto et la custom culture. Ils se sont longtemps contentés de rêver, de vivre le truc par procuration, en feuilletant les magazines spécialisés ou en regardant les émissions de Discovery Channel par exemple… Et tout ça bien sûr amenait entre eux des discussions à n’en plus finir ! Et puis, à l’aube de l’été 2012, alors qu’ils assistaient à l’édition initiale de l’évènement sur le raceway de Chimay, et que l’occasion d’échanger avec pas mal d’acteurs du milieu s’est présentée, ils ont eu comme un déclic : après tout, pourquoi pas nous ? Pascal a reçu une formation en mécanique et en carrosserie, Laurent a fait les Beaux-Arts. Créer une moto sera pour eux une manière de s’exprimer au même titre que peindre pour l’un ou sculpter pour l’autre. »
Il se peut que le contexte de la période nous ait particulièrement permis d’apprécier le boulot abattu sur cette machine. Souvenez-vous, quinze jours après Wheels & Waves on était en pleine polémique « Beurk Motorcycles », et un fameux atelier parisien venait d’ériger l’équerre Brico Dépôt en symbole de la supercherie organisée dans notre univers depuis quelques années, et grâce à laquelle des bricoleurs niveau amateur parviennent à se faire passer pour de vrais préparateurs (parfois même pour les meilleurs du monde, sic !). Certains seraient, parait-il, sympathiques au demeurant. Soit. N’empêche qu’en les voyant fanfaronner jusque sur les plateaux TV maintenant, je ne peux m’empêcher de penser à ces bimbos de la téléréalité, ces cruches qui accèdent au rang de starlette après trois bons mots prononcés le plus souvent bien involontairement, et qu’on désespère de voir se dégonfler comme des baudruches. Pas pour le plaisir cruel d’abattre un « arbrichon » (un petit arbre…), non, mais plutôt pour celui, sain à mon avis, de le voir s’éclipser au profit de la forêt qu’il cache et qu’il n’est sûrement pas digne de représenter.
Loin du star system, Pascal et Laurent sont plus du genre à faire les choses sérieusement sans trop se prendre au sérieux. Quand je me suis pointé sous leur barnum pour shooter leur tromblon, les mecs se la jouaient avec dérision : « Holà, faut payer pour pouvoir prendre des photos ! ». Un sticker UPDLT aura suffit à les amadouer, et à obtenir que le privilège me soit octroyé. Sérieusement, avec les prix qu’ils ont déjà raflés en très peu de temps, il y aurait de quoi choper la grosse tête ! Mais faut croire qu’en Belgique le melon, c’est pas la saison le genre de la maison.
« Malgré l’accueil que nous ont réservé les visiteurs et les autres participants à Chimay, on ne s’attendait pas à remporter le « Best british bike » award. Mais quelle ne fut pas notre surprise quand, quelques minutes plus tard, on attribuait aussi à notre moto le titre de « Best of show » ! Nous n’oublierons jamais je crois ce que nous avons ressenti ce jour-là… »
Dans la foulée, mais sans trop y croire, avec à l’esprit surtout l’idée de faire des rencontres et de mûrir dans leur démarche, nos camarades se sont inscrits au championnat du monde organisé par l’AMD. Une manifestation qui vaut ce qu’elle vaut, avec son système de notation qui soulève des critiques de toutes parts (voir le dernier numéro de RAD Motorcycles Magazine par exemple…), mais qui reste à ce jour incontournable.
« On a rencontré des gens formidables à Cologne, certes plus expérimentés que nous mais ressentant quand même un trac identique à chaque nouveau projet, et partageant par dessus tout la même passion que nous ! »
Cette fois ils repartiront les mains vides, mais en s’étant tout de même classés dixièmes dans la catégorie « Retro modified ». Une place honorable, compte tenu du règlement particulier de ce concours, pour des mecs inconnus du milieu un an auparavant ! Il faut dire qu’ils ont tapé fort avec leur rigide motorisé par un twin parallèle de l’époque Meriden, en mixant parfaitement style d’anglaise classique et allure de dragster vintage.
Comme souvent dans ces cas-là, tout a commencé par une recherche sur Internet. Une fois leur décision prise de présenter une bécane à l’occasion de la seconde édition de l’évènement chimacien, il leur fallait dénicher une bonne base, et vite ! C’est du coté de Liège que Pascal et Laurent ont trouvé leur bonheur, un projet de construction sur base de Triumph T140 abandonné en route, mais surtout un lot contenant un bloc avec du potentiel, et un réservoir avec sa peinture d’époque tout juste patinée. De quoi être séduit au premier regard ! Le reste importait peu, puisque les amis allaient tout revoir, tout repenser de A à Z.
« Sur place l’affaire fut rapidement entendue, d’autant qu’il était plus de 22H00 quand nous l’avons conclue… Le temps de rentrer, il était même quasiment 01H00 quand nous nous sommes couchés ; mais impossible de fermer l’œil de la nuit ! Notre projet était lancé, nos têtes étaient pleines de rêves et dedans les idées se bousculaient. »
Huit-cents heures de boulot plus tard, leur « First Racer » était née, avec même quelques jours d’avance sur le timing programmé. Cette machine n’a pourtant rien d’une prématurée, chaque détail ayant été largement peaufiné. Bien sûr, il y a bien eu quelques ratés, n’oublions pas qu’il s’agit de leur chantier inaugural, mais notre duo n’a jamais hésité à recommencer, afin que chaque pièce, chaque élément soit parfait. Un travail d’acharnés, de passionnés ! Abattu tard le soir et les week-ends principalement, nos artistes ayant aussi un day job accessoirement.
A mon sens, le résultat est épatant. Nos camarades sont parvenus à mélanger les styles de façon très subtile, et cela n’a sans doute rien d’évident. Avec sa peinture vernie et ses liserés dorés, ses nombreux éléments en alu poli et son bidon à peine patiné (notez d’ailleurs que sa fixation, ici, ne repose pas sur de la vulgaire quincaillerie…), cette moto emprunte indéniablement aux Triumph classiques, aux belles anglaises de collection. Mais avec l’angle de chasse de son cadre rigide, et des pièces comme son gros compte-tours Smiths en position centrale, son rigidificateur de fourche Hyde ou son coupe-circuit racing au guidon, cette bécane fleure bon la compétition ! Celle d’un temps où les dragsters étaient souvent propulsés par des twins rudimentaires mais pleins de caractère, et se contentaient au freinage de simples tambours quasi placebos… Ici on trouve à l’avant le double came d’une Laverda 750 SF, tandis que l’arrière est confié à un disque de chez Performance Machine.
« Ce premier projet construit de nos mains a été une bonne école pour nous, et nous a permis de mesurer nos capacités, tandis que les moments que nous avons vécus et les personnes que nous avons rencontrées nous ont donné envie d’aller plus loin. Notre prochaine réalisation se veut donc plus innovante et recherchée, tant sur le plan artistique que sur le plan mécanique. »
Un défi que vous aurez sans doute plaisir à relever, et à la clé un résultat qu’on est impatient de pouvoir admirer, ça je peux vous l’assurer ! A bientôt j’espère, KD Motorcycles Belgium, et meilleurs vœux de réussite à vous pour cette nouvelle année.
Superbes lignes qu’a ce dragster vintage, surtout vu de 3/4 avant ou arrière.
J’adore, super boulot, félicitations…
Superbe travail, du grand art !!!
Très belle réalisation.
Oui, de très belles courbes pour cette Triumph !