A l’occasion de notre dernier rasso mensuel, Triumph Lille m’avait proposé de tester la nouvelle Triumph 900 Street Twin. Et je ne me suis pas fait prier…
De loin, certains la confondront peut-être avec la Bonneville SE. Avec sa ligne classique, son style néo-rétro et ses jantes à bâtons, on pourrait croire à un simple lifting. Mais cette bécane ne partage en fait avec sa prédécesseure quasiment aucun composant. Et pour ce qui est du moulin, il a l’air de tourner au gibolin ! Nul doute que la Triumph 900 Street Twin est une toute nouvelle machine, et que ses ingénieurs ont fait ce qu’il fallait au niveau du moteur.
Quand, il y a bientôt huit ans, je me suis offert un Nightster (je vous parle d’un temps où j’étais plus riche que maintenant…), je me souviens avoir à l’époque hésité avec la Bonnie. Après tout, en version « Black » cette dernière était un peu moins chère, ce qui me laissait de la marge pour envisager une petite personnalisation façon tracker de chez Mecatwin (à cette période la Springfield me faisait de l’œil, mais restait inaccessible pour moi…). Du coup, pour trancher, je m’étais simplement mis en tête de les essayer, les deux. Bon Dieu ! Y avait moyen de mourir avec l’Anglaise… D’ennui. Et sur le plan du caractère l’Américaine l’avait alors emporté sans soucis.
Je ne sais pas si vous avez eu l’occase de faire la même expérience, mais si oui, oubliez vos a priori. Ici ça n’a plus rien à voir, et aujourd’hui franchement le même comparatif me laisserait pour le moins dubitatif. Pour une bécane de 55 ch seulement, elle ne manque pas de tempérament cette Triumph 900 Street Twin ! Ca tire bien fort sur les bras, les accélérations et les reprises sont impressionnantes pour une bécane de cette catégorie-là. Evidemment tout a été misé sur le couple, vous vous en doutez, au détriment de la vitesse de pointe permiphage, un parti pris plein de bon sens à mon avis, qui offre un agrément indéniable aux vitesses (quasi…) légales.
En rouge, la courbe de couple de l’actuelle Triumph Street Twin.
En bleu, celle de l’ancienne Bonneville.
Source : Motorcycle.com
En rouge, la courbe de puissance de l’actuelle Triumph Street Twin.
En bleu, celle de l’ancienne Bonneville.
Source : Motorcycle.com
A tel point, qu’on en viendrait bientôt à regretter qu’elle n’ait pas une partie cycle de sportive, tant le moteur respire la santé et vous inciterait presque à jouer les trompe-la-mort. Mais la piste n’est évidemment pas sa vocation, et en usage raisonnable disons, pneus, freins et suspensions sont parfaitement à la hauteur de leur mission, rien à redire. Saluons plutôt le dessin des boudins, sympathique, et qui m’évoque ceux montés à l’époque sur les Ducat’ Sport Classic.
Modernité oblige l’ABS est de série, mais franchement en roulant on l’oublie. Pas une fois je ne l’ai senti se déclencher au cours de ma virée, et pourtant, emporté par l’enthousiasme du bicylindre, il a bien fallu à l’entrée de certains virages balancer des freinages pour le moins appuyés… Idem pour ce qui est du traction control, du ride by wire ou du slip assist clutch, toute cette technologie présente sur le papier, à l’usage, ne se fait pas spécialement remarquer. Et si certains regretteront probablement le refroidissement liquide sur la Triumph 900 Street Twin, perso je trouve le radiateur plutôt bien intégré et assez discret. Notons au passage que ce bloc, à ailettes tout de même, a l’avantage d’être nettement moins gourmand (consommation en baisse de 36% d’après la marque…) que le précédent !
Coté esthétique, il y a du bon et du moins bon. Globalement l’allure est un peu sage à mon goût, et une poignée d’éléments, les commodos au premier plan, font assez cheapouille… Mais à l’inverse, pas de câbles ou de durites qui pendouillent, et le dessin et la finition de la plupart des pièces sont quand même assez soignés. A ce titre, j’attire particulièrement votre attention sur l’échappement, une réussite ! Vous avez sans doute remarqué les pare-chaleur sous le bas moteur ? Eh bien il s’agit en fait d’enjoliveurs, qui masquent le fait qu’à cet endroit, la tubulure file à l’intérieur du berceau pour plonger vers le très, très discret catalyseur, avant d’en ressortir pour repartir vers les silencieux. Résultat : on a l’illusion d’une ligne continue qui court de la sortie cylindre à l’entrée du contre-cône, à l’ancienne, c’est vraiment bien branlé.
Mon modèle d’essai de chez Triumph Lille était d’ailleurs équipé de Vance & Hines homologués, lesquels offrent une assez belle sonorité, légèrement rauque, mais pas agressive pour les tympans. Selle, feu, clignotants, poignées, rétroviseurs, sabot moteur… La marque a déjà prévu toute une batterie d’accessoires pour embellir encore la Triumph 900 Street Twin. De ce que j’ai pu voir ils m’ont semblé abordables, et en tout cas plutôt bien inspirés. On sent que la tendance custom actuelle est suivie d’assez près du coté de Hinckley.
Quelle conclusion tirer de tout cela ?
Clairement, c’est son moteur qui est la bonne surprise de cette nouvelle Bonneville. Epaulé par une boite précise et des commandes faciles, il délivre des sensations qui à mon sens dépassent toute la concurrence sur son créneau néo-rétro. A titre de comparaison, et bien que délivrant vingt bourrins de moins, je l’ai trouvé par exemple nettement plus expressif que le bloc de la Ducati Scrambler récemment testée ici aussi. Et l’explication n’est pas dure à trouver : son couple est tout simplement supérieur et surtout délivré à un régime carrément inférieur, presque 3000 tours plus bas. A bon entendeur… En plein débat autour de la limitation à 100 ch de certaines motos, il y a là de quoi méditer.
Globalement saine, jolie et bien finie, c’est donc surtout par son agrément de conduite que la nouvelle Triumph 900 Street Twin séduit. De ce point de vue, elle éclipse complètement l’ancienne T100 qui fait maintenant figure de bécane pour papy, à mon avis. Face à des normes de plus en plus contraignantes, on peut dire que la marque aura su tirer son épingle du jeu pour nous proposer une moto tout sauf chiante. Et l’intégration on ne peut plus discrète du catalyseur témoigne à elle seule, il me semble, de l’effort d’ingénierie déployé pour se conformer à la réglementation actuelle, tout en produisant une machine qui reste séduisante. Bravo, beau boulot !
Edit du 04 avril 2016 :
Je réalise que j’ai omis un détail de taille (c’est le cas de le dire !) au sujet de cette bécane : elle est plutôt petite. Assez basse en tout cas, parfaite pour les demi-portions comme moi (170 cm…). Mais cela pourrait aussi être un inconvénient pour les plus grands gabarits. A tester donc, pour se faire son propre avis !
P.S.: Prise d’assaut, cette machine que Triumph Lille a eu la gentillesse de me prêter était déjà réservée le lendemain à la première heure pour un nouvel essai. C’est ce qui explique que je n’ai pas pu cette fois-ci prendre mes propres photos, ayant préféré utiliser le temps qui m’était imparti pour rouler et me faire une idée à son sujet. Dommage, mais c’est la rançon du succès, et je prédis bien sûr un avenir de best seller à cette excellente moto !
Salut Mathieu,
Peut-on reprendre quelques-uns de tes papiers sur motardsenbalade.net ?
On va ouvrir une rubrique spécifique avec des liens vers ton blog.
Tu me dis.
Bien cordialement,
Hervé
Salut Hervé,
Je suppose que c’est à moi que tu t’adresses, puisque je suis l’éditeur de UPDLT, mais mon prénom en réalité c’est Jérôme.
Quoi qu’il en soit, aucun souci pour ce qui est de voir des liens pointer vers mon site, au contraire même.
En revanche, je suis fermement opposé à ce que de vraies portions de contenu soient reprises, non pas pour une question de principe, mais pour une question bêtement pratique.
En effet, Google puni sévèrement le « duplicate content », et donc cela pourrait être très préjudiciable à mon propre référencement, tout simplement.
;)
Ok !
Par contre, si tu veux devenir rédacteur chez nous, pas de problème, on a un petit peu d’audience, 1000-1500/jour, et ta prose est la bienvenue.
:)
Au fait, tu sais ce qu’il te dit, le papy ???
Hervé, 66 aux cerises et une T100 dans le garage !
:D
Haha !
Sans rancune, hein ?
:D