Du fin fond de la Bretagne au championnat AMD, un parcours « sur les chapeaux de roues » boosté par cette Kawasaki Z1000 cafe-racer au look singulier…
Lors de la parution de notre article sur le salon Intermot de Cologne, vous pensiez que c’était un hasard si nous avions mis cette bécane à la une ? Perdu ! Il s’agissait bien d’un hommage rendu à l’enseigne qui l’a créée et qui à l’occasion de cet évènement s’est distinguée. Il y a trois ans à peine "Sur les chapeaux de roues" naissait, et déjà nos camarades peuvent se vanter d’un podium au championnat AMD ! Avec cette Kawasaki Z1000 cafe-racer aussi originale que soignée, ils sont arrivés troisièmes dans la catégorie dédiée.
Yann :
« Sans prétention quant à l’issue de cette compétition, nous voulions y présenter une machine très aboutie et recueillir des avis. On ne s’attendait pas à finir à cette place ni à monter du coup les premiers sur scène ! »
En quelques chiffres, ce concours international c’est : cinq catégories que se partagent une bonne soixantaine d’ateliers, plus de vingt pays représentés, et plus de quatre-vingt projets exposés. Et nos deux bretons sont d’autant plus fiers que la qualité de leur travail a été reconnue par leurs pairs, car il faut savoir que ce sont les concurrents justement qui attribuent eux-mêmes une note à chaque autre participant.
Manu :
« Le championnat AMD est une épreuve très relevée. On y voit des réalisations au style discutable, mais le niveau de conception et de finition est toujours irréprochable. On a donc pas compté nos heures dans l’ancienne grange à cochons de mon grand-père, car on se devait d’être à la hauteur et de sortir un truc vraiment d’enfer. »
Mission accomplie, leur Kawasaki Z1000 cafe-racer a séduit le jury. Pourtant, transformer un tel lieu en garage aurait pu à tort laisser présager un travail de porc… Blague à part cette bécane, cet engin pointu, c’est le fruit du coup de crayon affûté de Yann et du jusqu’au-boutisme mécanique de Manu. C’est aussi une prépa made in Bretagne et un parti pris bien couillu ! Si je montrais ça à mon vieux, pas sûr qu’il reconnaîtrait la ST attelée dans le panier de laquelle il nous promenait de 79 à 82…
Yann :
« Autour du réservoir qui a été conservé, la ligne a été complètement redessinée. Une Cadillac des années 70 m’a inspiré cette carrosserie, et j’ai créé de toutes pièces le cul de selle et le demi carénage que vous voyez ici. »
Une tôle d’alu, un sac de sable et un maillet… Et y a plus qu’à laisser le savoir-faire opérer ! Brut ça devait déjà avoir une sacrée gueule, mais avec cette peinture c’est vraiment un régal pour l’œil. De près, on voit à l’arrière les lignes dégradées former des courbes et se croiser. De loin, on distingue à travers les liserés de l’avant les initiales de leur atelier : « SLCDR ». C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Beaucoup d’idées, et autant de talent pour les réaliser.
Manu :
« Comme on voulait aussi participer aux runs à Glemseck, le moteur ne pouvait être en reste. Habituellement on cherche surtout à faire fiable et beau, mais cette fois il nous fallait également grappiller des chevaux. »
Notre camarade a donc récupéré un bloc de GPZ 1100 qui est rapidement devenu 1200, grâce à un kit pistons Wiseco haute compression. « No replacement for displacement », comme on dit en anglais ; en gros rien ne remplace la cylindrée quand la puissance est recherchée. Des arbres à cames racing ont aussi été offerts au quatre pattes, après qu’il ait été refermé avec une culasse à grosses soupapes. Tout cela ayant rendu le moulin plus gourmand, il fallait bien que l’admission soit à l’avenant. Elle a donc été confiée à des boisseaux plats de compète, une rampe de carbus Mikuni de 42 mm. K&N a fourni les filtres à air, et l’échappement est un superbe quatre-en-un Kerker. Et pour un meilleur refroidissement, un radiateur d’huile a été planqué à l’avant, juste sous la tête de fourche il profite bien du vent.
Yann :
« Avec cette mécanique préparée il nous fallait une partie cycle modernisée. Tout a été amélioré, on a adapté des composants nettement plus performants. »
A l’arrière un bras oscillant de 1300 XJR, et des amortos Matris, à l’avant une fourche inversée de ZX10R, modèle 2006. Les belles roues de la Kawa stock ont été chaussées de pneus Avon collant mieux à la route et à notre époque. Et le freinage bien évidemment a également été upgradé, notamment grâce au concours de Beringer. En effet une poignée de sponsors ont accepté de supporter ce projet, mené de fait avec plus de budget et de liberté que lorsqu’il y a un commanditaire à satisfaire. Ici pas de cahier des charges à respecter, sinon celui que nos compères s’étaient eux-mêmes fixé.
Il y aurait concernant cette Kawasaki Z1000 cafe-racer encore bien des détails à citer, mais je me limiterai au capuchon de carter estampillé "Sur les chapeaux de roues". C’est l’œuvre d’un autre artisan dont je vous ai déjà parlé, et dont la technique de gravure chimique permet d’envisager des trucs fous. Pour le reste, je laisse les photos d’Alexis le Naour parler, et j’ajoute en bonus une vidéo qui résume en partie ce que je viens de vous exposer.
P.S.: Pour ceux qui auraient la flemme de lire mon « papier », voici une belle vidéo de Ronin Production qui décrit bien le projet, en son, en images et en abrégé.
C’est du tout bon ça…