Si Kamaji, avec cette Yamaha RD 250 cafe-racer, ne vous rend pas nostalgiques des grandes heures de la marque aux trois diapasons, il vous faut d’urgence une ordonnance…
Les mails que je peux recevoir de Thomas ont jusqu’à présent toujours été synonymes d’excellentes nouvelles. Et le dernier ne fait pas exception à la règle, puisqu’il me donne à nouveau l’occase de vous présenter une super bombinette sortie de son atelier Kamaji. Ainsi, cette Yamaha RD 250 cafe-racer est la sixième de ses réalisations que je publie, et pas la moins aboutie !
« Celle-ci est pour moi. Je dois me faire vieux, je suis un peu blasé des grosses cylindrées et des machines lourdes en général. La direction que prend globalement le marché de la moto me dégoûte presque, à vrai dire. Boites autos, assistances, ailerons… C’est n’importe quoi.
Alors, mettons ça sur l’esprit de contradiction. Et puis le deux temps, c’est ultra-marrant. On est allé au TT Classic (Manx GP) l’année dernière. On a pu y voir des Suzuki RGV, des Honda RS… Ca hurlait ; ça fumait ; ça sentait bon l’huile de ricin. C’était top !
Voilà en gros d’où m’est venue l’envie de m’attaquer à cette deux-et-demi de 1973. Un modèle vieux d’à peine un demi-siècle… Ca aurait pu être pire ! Parce que je m’intéressais également à des engins encore bien plus anciens, des tromblons que personne ne sait démarrer.
Peut-être pour un prochain projet ? »
Ce n’est rien de dire que je partage le sentiment de notre camarade. A l’évidence sommes-nous plus que nombreux dans ce cas. Sans doute pas autant, toutefois, à pouvoir faire naître les cafras qui peuplent notre imagination, à défaut de notre garage. Des bécanes de rêves, vous dites ? La sienne est là, (tout ou presque) en alu et en acier autant que son créateur est fait de chair et d’os.
« Ce bicylindre fut parmi les premiers modèles à recevoir des clapets à l’admission ; un système baptisé "Torque Induction" chez Yamaha. Et comme il a aussi existé en 350 cm3, j’ai pu dénicher les pièces d’époque pour augmenter la capacité de la mienne. »
Si la culasse est d’occase, les cylindres et pistons sont neufs. La pompe à huile, elle, a été supprimée. En outre Thomas est parvenu à déverrouiller la sixième vitesse (d’ordinaire inaccessible aux Français qui se voyaient pourvus d’une boite bridée à cinq rapports). J’imagine que ce bolidage garantit de belles performances, sans pour autant compromettre la fiabilité.
« Sans compter qu’à ces améliorations s’adjoignent une admission et un échappement libérés, avec d’un côté des filtres à air en mousse de chez Ramair, et de l’autre de longs pots de détente aux soudures apparentes, des "Street Race" en inox signés Jim Lomas. »
Voilà sa Yamaha RD 250 cafe-racer devenue une 350, donc, plutôt affûtée. Et le freinage a été upgradé en conséquence, du moins à l’avant (l’arrière se contentant de garnitures neuves). Dans le détail, un disque Brembo de 320 mm se voit pincé par un étrier à deux pistons de la même marque ; lequel est commandé par un maître-cylindre Nissin via une durite aviation.
« Cela ne s’est pas fait tout seul, puisque pour obtenir les déports nécessaires, il m’a fallu fabriquer une cale pour le disque et une platine pour l’étrier. Même chose pour installer les commandes reculées, d’ailleurs, ou encore la plaque d’immatriculation. »
Les bracelets, eux, ont reçu un accélérateur à tirage rapide, de jolies poignées Domino, et un rétroviseur embout de guidon. Au centre, le tableau de bord se résume désormais à un unique compteur Daytona de 48 mm, surplombant un phare de type Bates. Finalement, un commodo minimaliste complète le poste de conduite et permet notamment d’activer les très discrets clignotants.
« Ceux-là font également office de feux stop et de position. Tous les éclairages sont à LED, afin de soulager la petite batterie alimentant le faisceau électrique simplifié. C’est une Solise au lithium dissimulée sous la selle ; comme le régulateur moderne remplaçant les éléments d’époque. »
Les jantes, rayonnées à neuf, sont chaussées de pneus Bridgestone BT46. Tandis que la fourche (dont les fourreaux ont – comme les carbus – retrouvé la couleur de l’alu) voit ses tubes remontés dans les tés (de 30 mm), et ses ressorts précomprimés (de 15 mm). Elle se trouve de surcroît secondée par un amortisseur de direction LSL… Pour éviter les indésirables guidonnages !
« Un tas de trucs ont été rectifiés : la béquille (préférable sur une moto rabaissée) ; le kick (pour un déport plus important)… Sinon repeints : cylindres, culasse, carters… Sans parler du cadre qui a été successivement les deux, d’abord modifié puis recouvert d’une bonne couche d’époxy. »
Ainsi il pouvait accueillir ce bel ensemble racing, composé d’une coque arrière recoupée sur mesure, et d’un réservoir adaptable s’étant vu offrir un robinet deux voies et un bouchon en alu. La déco jaune-noir-et-blanc fait le reste. Elle achève de donner à cette Yamaha RD 250 cafe-racer – 350, vous dites ? – son charme vintage (cependant que le sticker Ghibli ajoute une note choupi).
Bonne route sur ce mignon bolide, Thomas !