Dans ce quatrième chapitre, Cyril nous confie les épreuves qu’il a dû affronter, durant la mutation de sa Motoconfort AU65, aussi singulière que destinée à fendre l’air…
Les autres épisodes ?
Vous y accéderez facilement en repassant par l’article liminaire :
Une Motoconfort taillée pour les records, e que s’apelerio… Kumiko.
Si vous suivez ce feuilleton, démarré le mois dernier, vous mesurez maintenant l’énergie et la créativité que Cyril Cheval a investies dans la transformation de sa Motoconfort AU65, en une œuvre d’art taillée pour relever avec panache le défi d’un record de vitesse. Et je ne vous apprendrai sans doute rien non plus, en déclarant que lorsque l’on se plonge dans un projet aussi ambitieux qu’il nous tient à cœur, on aimerait pouvoir suspendre l’inéluctable marche du temps, mettre entre parenthèses les aléas de la vie. Cependant celle-ci suit son cours, qu’on le veuille ou non.
« Au moment où je démarre l’assemblage, j’envisage de participer à la Speed Week d’Elvington, au Royaume-Uni. Seulement au printemps 2024, une saloperie de cancer emporte ma mère. Alors j’abandonne mon ouvrage sur une étagère ; à la merci de la poussière. Car il me faudra attendre l’automne suivant pour trouver l’envie de m’y remettre. Néanmoins quelques six mois plus tard, je réalise que j’ai sous-estimé l’ampleur de la tâche. Et que par conséquent, cela restera a priori compliqué pour l’édition de mai 2025… »
C’est que (faisceau électrique obligatoire mis à part), notre protagoniste se refuse à monter la moindre pièce non retouchée. Quand il n’est pas fabriqué sur mesure, chaque élément est personnalisé, embelli, rectifié, peint ou poli.
« Pour certains usinages, je sollicite mon pote Alain, dit Bricolus, un jeune retraité passionné de mécanique. Il me fait l’amitié de m’accueillir dans son bouclard, lorsque l’équipement de mon propre atelier ne suffit plus. »
Sur le plan technique, les travaux sont déjà bien avancés. Toutefois l’artiste tient tête au petrolhead, et la proie du trouble dissociatif évoqué ici s’oblige à peaufiner sa copie. Avec un objectif double lui aussi : être non seulement conforme aux yeux de la SCTA ; mais également admirable à ceux du public.
« Mi-septembre, mon camtar est chargé, le soleil brille… Et je m’apprête à prendre la route, direction l’aérodrome de Elvington qui accueille sa seconde Speed Week de la saison. Je fais le plein de mon piège et le démarre devant chez moi, pour un bref test run avant le départ. Dépit ! Ma courroie s’avère au final un poil trop large, elle empêche la montée du vario. Tandis que le pignon derrière la poulie a un point dur, du fait de son ajustage approximatif d’origine. Cerise sur le gâteau : le magasin de mobs au bout de la rue a déposé le bilan… »
Jeter l’éponge, provisoirement. Contenir sa colère, froidement. Digérer une déception, amèrement. Se rappeler en définitive que ce sont des choses qui arrivent ; a fortiori quand on est plutôt sculpteur et pas tellement motoriste. Et puis, vingt fois sur le métier remettre son ouvrage ?
« Je démonte. Je contrôle. Et se faisant je progresse ; encore et encore. Quelques jours plus tard un rassemblement annuel d’anciennes s’organise dans mon village. Je décide d’y emmener mon engin pour une première présentation officielle ; comme pour conjurer le sort. Faire du bruit avec les copains de l’AMA devrait me redonner le sourire. De fait, Jean-Louis (adepte des restaurations méticuleuses) valide l’affaire. Et la plupart des papys (d’ordinaire attachés au boulon originel) saluent ma vision brutale de la Motoconfort AU65 de leur adolescence. »
Voilà qui flanque du baume au cœur. Je n’ai pas manqué de mentionner, au fil de l’eau, les camarades sur lesquels Cyril a pu s’appuyer dans sa démarche. Quoique, il tient à remercier ses proches une fois de plus, affectueusement. Celles et ceux qui le supportent au quotidien dans ses aventures mécaniques.
« D’autant que, avouons-le, ces frasques peuvent être la source de sautes d’humeur à l’occasion. J’ai une pensée particulière, émue, pour ma mère qui a fini de superviser la fabrication à sa manière. Au moins ai-je puisé dans cette idée le refus d’abandonner. D’ailleurs si vous apercevez maintenant ma machine portant les chiffres 8-6-2, ce n’est pas un hasard. Il s’agit du numéro de son emplacement au columbarium. Et en conséquence, de celui avec lequel j’espère pouvoir courir à l’avenir. Possiblement à Pendine Sands en mai prochain ? »
Ce nouvel hiver (si ce dernier daigne adopter le lit d’un long fleuve tranquille) devrait lui offrir le temps nécessaire aux roulages et autres réglages encore utiles, à l’affûtage ultime de sa mobylette de compète. Alors qui sait ? Aux beaux jours, peut-être la retrouverons-nous attelée à un side-car ! C’est que cette configuration autoriserait son inscription dans une catégorie supplémentaire ; autrement dit d’autres tentatives de record en land speed racing. A suivre…
Les images de cet article ?
Nous les devons à Eric Descarpentri, lui qui a publié tout un album photo concernant le 20ème Rassemblement de Mécaniques Anciennes à Asnières-sur-Oise.
Vous en voulez encore ?
Les clichés suivants ont été chipés à l’asso Mécaniques Anciennes de Sainte-Geneviève, laquelle n’a pas manqué (malgré une météo pour le moins automnale) d’organiser son rassemblement mensuel en octobre dernier.


















