Les marques de motos des années 1900 n’ont pas toutes disparu, et en remarquant la Laurin & Klement Slavia, on apprend que Škoda fût en quelque sorte de celles-là…
Notre passage à Rétromobile cette année aura été l’occasion de faire quelques découvertes pas mal intéressantes, et notamment d’apprendre, avec la présentation de la Slavia, que Škoda a commencé par fabriquer des deux roues. Bien que mise en scène sur le stand de la marque aux côtés d’un vélo de la même période, cette Laurin & Klement n’est pas une simple bicyclette sur laquelle un moteur aurait été greffé. Au contraire, et à la différence de beaucoup de ses concurrentes des années 1900, cette machine alors innovante était dotée d’un cadre spécifique, construit autour de son monocylindre quatre temps de 240 cm3, développant deux chevaux.
Je vous épargne le couplet sur les victoires en compétitions, auxquelles participait lui-même l’un des créateurs de cet engin, Václav Klement, un jeune libraire de vingt-six ans à la base, et qui permettaient à la fois de tester d’éventuelles évolutions tout en stimulant les ventes. Rien de très original là-dedans pour l’époque, on sait bien que les pionniers n’hésitaient pas à prendre quelques risques, et qu’ils avaient tous plus ou moins « un pneu dans la tombe ». Ce qui est plus amusant en revanche, c’est la façon dont cette aventure a commencé…
En 1894, ce jeune tchèque qui ne se déplace alors qu’en vélo est victime d’une avarie, et décide donc d’écrire au constructeur concerné, une entreprise allemande en l’occurrence. Il obtient à ce moment là, pour seule réponse, un courrier lui demandant de s’exprimer de manière plus intelligible s’il souhaite qu’on lui vienne en aide. Contrarié, plutôt que de se lancer dans la rédaction d’une nouvelle lettre, il prend en conséquence la décision de réparer, et même de fabriquer lui-même des bicyclettes dans un 1er temps. Rapidement, il est rejoint par un homonyme, Václav Laurin, ingénieur de son état, et de trois ans son aîné, qui s’avère avoir alors aussi le projet de concevoir et vendre des cycles dans la ville de Mladá Boleslav. Plutôt que de se concurrencer, les deux entrepreneurs préfèrent s’associer pour créer la marque Laurin & Klement, qui deviendra plus tard Škoda en 1925.
La volonté de passer aux motocyclettes leur viendra assez vite, à la faveur de l’essai d’une Werner rapportée de Paris, une traction avant équipée d’un moteur posé sur le guidon, une machine à la maniabilité limitée, dangereuse, et qui vaudra à Klement une belle chute, et même la perte d’une dent. Convaincus d’être en mesure d’améliorer largement le concept, ils se lancent dès lors dans la fabrication de leurs propres motos, avec la particularité d’intégrer leur groupe propulseur au châssis, une différence notable qui leur permet de se démarquer et de rencontrer un certain succès, et d’écouler ainsi plus de cinq-cents exemplaires de cet engin.
Une relativement grosse production pour l’époque, mais inutile de dire que, plus d’un siècle plus tard, vous avez quand même peu de chances d’en croiser encore une aujourd’hui, et que les Škoda anciennes que vous risquez plus certainement de rencontrer, pour celles qui sont encore en état de rouler, sont ces immondices de boites à roues datant de la fin de l’ère soviétique, avant la nouvelle privatisation de la marque et sa reprise par Volkswagen.
Très bon article, documenté et intéressant.
J’ai toujours aimé les histoires de création de marques dans ces années-là, on imagine souvent des mecs en redingotes posés sur des machines aussi improbables que leurs moustaches…
Mention spéciale pour l’anecdote de la dent cassée !
J’essaie de visualiser la scène, et ça me fait bien marrer.
Voilà un site que je suivrais avec attention.