Félix, c’est pas le genre de gars à choisir une bécane au hasard, ni à reprendre sans réfléchir les codes esthétiques de la tendance en vigueur, qui n’a d’ailleurs plus grand chose à voir avec les cafe-racers… Avant de modifier il cogite, et ses bases de prédilection sont les Triumph T3. Sur le sujet il en connait un rayon !
« Ce sont des machines attachantes, nées au moment du renouveau de Triumph dans les années 90. Elles ont remis au goût du jour une architecture particulière et offrent beaucoup de caractère, avec leurs 3 cylindres à carbus. L’optimisation des coûts a voulu que beaucoup d’éléments soient communs à toute la gamme T3, ce qui fait que le plus souvent, quand on monte des morceaux de l’une sur le cadre d’une autre c’est plug and play. Revers de la médaille : ces pièces sont toujours dimensionnées pour la plus grosse contrainte, et du coup c’est du lourd ! Les modèles « sportifs » sont des enclumes assumées et quelque peu capricieuses, définitivement des engins de passionnés ! Il y a d’abord eu la Daytona, en jaune celle de Jean Manchzeck dans le Joe Bar Team, puis un peu plus tard la Speed Triple, celle qui a quelque part relancé le style cafe-racer en 94. Mais le must de cette période reste les prépas de Franck Depoisier, malheureusement leurs tarifs à l’avenant font qu’elles restent pour moi inaccessibles. »
A défaut de pouvoir s’offrir une Mecatwin, notre camarade s’est donc retroussé les manches. Une Honda 900 CBR de 96 encombrait son garage suite à une panne électrique… Une mini-chaine qui crache du bon rock, et c’est parti pour une soirée de démontage ! Objectif : refourguer via le Coin-Coin les pièces amassées pour récolter l’argent nécessaire au nouveau projet. Félix possédait déjà la base, une 900 Sprint dont il a gardé le moteur, le bras oscillant et les périphériques, pour les monter sur un cadre de Thunderbird allégé au maximum, et y associer un train avant de Daytona, avec son freinage et sa grosse fourche de 45 mm.
« Avec cette suspension plus courte, la moto est un peu basculée sur l’avant et cela modifie l’angle de chasse. Craignant les problèmes de guidonnage j’ai tenté de corriger l’assiette en jouant sur l’excentrique à l’arrière, mais finalement, 1500 km de mise au point et d’essais successifs ont démontré que cette position « le cul en l’air » est la bonne. »
De la réflexion je vous dis ! Le bougre se questionne, on le ressent bien à la lecture de son blog, et quand il ne trouve pas lui-même la réponse il n’hésite pas à solliciter le forum T3 Passion, un repaire de cadors d’après lui, ou encore Maxence Sonilhac de Trimax Moto, un spécialiste bien connu des Triumph 3 pattes et accessoirement un des participants au Championnat de France des Rallyes routiers (2ème cette année en catégorie Sport ! au guidon d’une Suzuki SV 650 pour le coup…). Autant te dire que les mecs, avant de se soucier de la couleur de leurs poignées, cherchent surtout à faire marcher leurs bécanes bien et fort ! Pour eux, l’aspect dynamique passe avant les considérations esthétiques.
Mais Félix tenait tout de même à embellir sa moto, et pour ça il a chiné chez Vonzeti une petite selle solo, une T60 qu’il a pris soin de monter sur une charnière pour accéder notamment aux fusibles et au liquide de refroidissement. Il a également installé un bidon de Thunderbird, conçu lui-même les pattes de phare et les platines de commandes reculées, et remplacé le contacteur par un simple interrupteur positionné sous un gros compte-tours TNT, l’antidémarrage étant assuré par un composant Motogadget. La peinture, un noir brillant classique mais profond, est par contre l’œuvre d’un carrossier.
« J’ai eu pas mal de soucis avec des pièces achetées d’occase sur le net, des surprises avec des lots soi-disant en bon état mais qui au final m’ont demandé pas mal de travail et m’ont couté cher. A l’avenir, je n’achèterais par exemple plus un réservoir sans l’avoir entre les mains. »
Coté mécanique, le 3 pattes a reçu des pistons haute compression. Une carburation optimisée, via des Mikuni BST 36 et des filtres K&N en l’occurrence, et un échappement trois-en-un, constitué d’un collecteur Sebring débouchant dans un X-cone Mivv, se joignent à une bonne avance à l’allumage pour donner à cette machine de la vigueur dans les tours, tout en maintenant un couple bien présent en bas. C’est l’avantage de ce compromis entre le twin parallèle et le 4 en ligne : la fête à tous les étages !
L’objectif de notre camarade était de se préparer une moto fiable et efficace, qui associe look classique (dans le bon sens du terme…) et performances modernes. Avec sa T3 allégée, au moteur gonflé et à la partie cycle améliorée, il me semble que le contrat est bien rempli. Et ce n’est pas fini !
« Je compte lui faire perdre quelques kilos encore, en changeant les roues et en optant pour une batterie au gel notamment, avant de lui greffer de plus gros carbus et de tester d’autres démultiplications. Elle le vaut bien ma Wonderbird ! »
« Wonderbird », du nom de cette célèbre Triumph qui, en 1950 à Rosemond (Californie), fit tomber 7 records d’un coup ! Voilà quoi qu’il en soit qui promet encore des heures de bricolage dans le box au sous-sol de son immeuble, la nuit, après le boulot et avoir mis sa petite famille au lit. Notre lot à tous ? Celui en tout cas de beaucoup de passionnés de cafe-racers, qui n’ont pas forcément les moyens de faire faire et à la place y mettent tout leur cœur. Bravo à eux, bravo Félix !
Pour la batterie, je te conseille une Solise, qui ne pèse que 800 g et est 3 fois moins encombrante qu’une traditionnelle !
Installée sur ma T301 c’est que du bonheur, plus de soucis et vraiment du super matos.