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Une brutale Harley-Davidson Softail ? Non, une construction Metal Machines !

Une brutale Harley-Davidson Softail ? Non, une construction Metal Machines !

Dans la tribu Harley-Davidson Softail, vous avez demandé la version bodybuildée ? Metal Machines abat cette carte de 111 cubic inches, cernés par de belles pièces homemade…

Voilà quelques temps déjà que je promettais une visite à Metal Machines ; et c’est finalement la naissance de leur « Paint it black » qui a provoqué mon déplacement à Barlin, au sud de Béthune (62). Il faut dire que j’étais plutôt curieux d’admirer en détail et de visu le résultat de leur dernier projet ! A première vue, on pourrait penser qu’il s’agit d’une Harley-Davidson Softail customisée dans un style musclé… Mais en réalité, c’est une construction maison propulsée par un gros moulin S&S Cycle que je m’apprête à vous présenter.

Une brutale Harley-Davidson Softail ? Non, une construction Metal Machines !

Un mot sur l’entreprise, d’abord. Voilà dix ans que Jeff et Seb se sont associés pour fonder cette société, laquelle a depuis embauché deux autres gars en renfort. Leur bureau d’étude était initialement tourné vers les loisirs mécaniques. Mais rapidement nos camarades ont ouvert leur atelier à l’industrie (labos d’essais automobiles, usines des domaines alimentaire, plasturgique…), pour des raisons évidentes de rentabilité. La reprogrammation, le travail de la cartographie est la seconde activité de l’enseigne. Vous pouvez les solliciter pour gagner en puissance, en agrément, ou convertir votre bagnole à l’éthanol ; tandis que les transporteurs font appel à eux pour réduire la consommation de leur flotte de camions, et faire de sacrées économies. Ils possèdent le savoir-faire et l’équipement pour ce genre d’interventions, et notamment un banc quatre roues motrices pouvant encaisser jusqu’à 1200 ch.

A côté de ça, la préparation moto apparaît un peu comme la cerise sur le gâteau. Inutile en effet de les déranger avec votre pot Wish ou AliExpress à 25 balles, sous prétexte qu’il manque un manchon sur mesure pour l’adapter à votre bécane… Les moyens mis en oeuvre ici entraînent un coût incompatible avec les personnalisations discount qui ont ces derniers temps le vent en poupe. Dans ce contexte les commanditaires sont rares, et l’engin qui nous intéresse aujourd’hui est d’ailleurs le piège perso de Jeff, qui a su mettre à profit son planning allégé durant le confinement.

« Le cœur de cette machine est un v-twin classe Evo, précisément un bloc S&S V111 "Black Edition" commandé chez Custom Chrome. Sa course courte en fait un moteur carré, elle permet à la fois d’augmenter la longévité et de réduire les vibrations. Toutefois on est pas dans la recherche de puissance pour autant. Avec ses 1800 cm3, son carbu Super E et son arbre à cames 585, c’est plutôt le couple qui est privilégié. Au moment de choisir la boite de vitesses, j’ai opté pour un compromis. En clair j’ai écarté Revtech, trop bas de gamme à mon goût, et Baker, de l’horlogerie inaccessible. La transmission primaire à courroie, de chez BDL, est donc reliée à une boite longue Jims avec un rapport de 1 pour la 5ème. L’absence de 6ème libère de l’espace et autorise par conséquent l’emploi de pignons plus imposants, autrement dit plus costauds. »

Un cadre Santee à double berceau, type Harley-Davidson Softail, sert d’écrin à ce majestueux bicylindre typiquement américain. Son angle de chasse est standard, mais sa longueur est supérieure d’une dizaine de centimètres, et surtout son bras oscillant est prévu pour accueillir une jante large. Ca tombe bien, les impressionnantes roues en carbone ont presque été le point de départ du projet. Elles proviennent de chez BST, une entreprise sud-africaine à la pointe sur ce créneau (qui fournit Arch Motorcycle, entre autres, la marque de Keanu Reeves…), et accessoirement une des rares (la seule ?) à ne pas limiter son offre à 17 pouces. Ici elles sont chaussées de pneus français, en 240/40 R18 à l’arrière et 130/60 B21 à l’avant. Des dimensions respectables ! Notez que ces Michelin Scorcher 11 ont été spécifiquement développés pour la MoCo, d’où la présence de logos « bar & shield » taillés dans la gomme.

« Je tenais beaucoup au choix de ces jantes, à la fois sobres et high tech, et j’ai d’ailleurs repris leur dessin au moment d’usiner la couronne et les disques. Pourtant la largeur de la roue arrière a amené pas mal de contraintes ! D’abord j’ai quand même du retoucher le bras, et ensuite cela a largement influencé la conception de certaines pièces. La chaîne est une 525 par exemple, au lieu de 530 habituellement, le disque est fixe, et le support d’étrier passe par l’extérieur. Alors qu’à l’avant j’ai pu faire le choix d’un disque flottant. De ce coté je me suis aussi amusé à positionner l’étrier en bas, comme pour abaisser le centre de gravité. C’est une chose assez difficile à faire sur une auto, et c’est un peu un hommage à Ferrari, la seule écurie à ma connaissance à avoir relevé ce défi technique en Formule 1. »

Son passé de mécanicien dans la catégorie reine n’est jamais loin ! Car il faut savoir que, trois saisons durant, notre camarade a participé à la construction des monoplaces de Prost Grand Prix. Toutefois c’est plutôt l’univers du dragster qui lui a inspiré ces pistes de freinage genre AP Racing, singulièrement fines, et so 90’s : -7 mm par rapport à l’origine, le maximum possible avec ces étriers Brembo. Attardons-nous également sur la fourche homemade. Cette réinterprétation moderne de la Springer est suspendue par un mono-amorto. Mais, surprise ! Ses tubes ne sont pas vides pour autant. Celui de droite sert de conduit à la durite de frein, tandis que celui de gauche… Cache une trousse à outils ! J’avoue ne l’avoir pas vu venir, ce long fourreau en nylon cousu spécialement, et dans lequel sont répartis les instruments. En parlant de fourreau, vous aurez sans doute remarqué les biellettes gainées de fibre.

« J’ai ainsi habillé chaque pushrod, jusqu’à celui ajouté pour relier le carter gauche au montant du cadre, et augmenter la rigidité de ce dernier. Les châssis de la famille Harley sont assez lourds, généralement, et dans le même temps trop souples… Une belle prouesse ! Ici je voyais le moteur reculer juste en réglant la tension de chaîne, alors un renfort s’imposait. En écho aux roues, on trouve encore des touches de carbone au niveau du contacteur, du thermomètre Arlen Ness… Et bien sûr du garde-boue arrière sur mesure, fourni par Composite Concept. »

D’autres partenaires ont été ponctuellement sollicités : GSTI pour certains usinages très spécifiques, Be Different pour l’application de l’époxy, Rutko pour la superbe selle solo en cuir perforé, Timeless Car pour le polissage du réservoir peint… Un bidon en alu à la provenance incertaine, d’ailleurs, chiné chez un copain et a priori identifié comme étant un Parker façonné en 1996. L’autre, resté brut, qui contient l’huile et fait office de sabot n’est pas estampillé « MM » pour rien : c’est évidemment une création Metal Machines. Idem pour ce qui est du capotage suspendu qui habille le phare, ou du support de plaque surplombé d’un éclairage LED incluant les clignos. A l’avant ceux-ci sont comme l’unique rétro : fixés en bout de guidon, sur un costaud cintre de 32 mm monté via des potences de VTT de descente. Un détail qui a poussé les potes de Jeff à le taquiner en ajoutant à sa bécane une sonnette de vélo…

« Difficile de ne pas la remarquer, sur un poste de conduite aussi épuré. Pour rouler, je branche quand même via le support dédié mon smartphone qui fait office de compteur. Mais à l’arrêt, le côté full black et les commodos discrets donnent un look minimaliste. L’accélérateur provient de chez Domino, le maître-cylindre radial de chez Accossato. Et à côté de ces touches italiennes, les poignées sont issues de chez Biltwell, le levier d’embrayage de chez Kustom Tech et les commandes avancées de chez Custom Chrome. »

S’il reste une manette à évoquer, c’est celle qui se cache derrière l’échappement pour le moins original. Pour l’anecdote, il s’agit d’un pommeau de F1 Ligier datant d’avant l’adoption unanime des palettes au volant. C’est simplement dans le stock récupéré à l’époque, avec le rachat de l’écurie en question à la fin du millénaire dernier, que notre camarade a pu puiser cette belle pièce chargée d’histoire. Aujourd’hui elle ne sert plus à passer les vitesses, mais à gérer l’ouverture de celle des deux sorties qui se trouve dépourvue de silencieux. Alors que l’autre, plus imposante, dispose d’un manteau en laine de roche et d’un db killer en son cœur. On peut donc jouer sur la sonorité en fonction de son humeur… Ou de la probabilité de tomber sur les pandores ! Certes le principe n’est pas nouveau, néanmoins il est mis en oeuvre ici de façon artisanale avec brio. La preuve en vidéo :

En fait, c’est tout le chantier de cette réalisation qui vaut le coup d’œil. Et ça, vous pourrez le vérifier en fouillant les images de leur page Facebook. Pour ma part, vous ayant livré toutes les informations en ma possession je vous laisse avec les photos que j’ai pu prendre lors de mon passage chez Metal Machines, sous un beau soleil couchant comme sait nous en offrir l’été indien. Malgré sa robe sombre et la lumière tombante, force est de constater que cette moto brille ! Non seulement en raison de ses états de surface, mais également du fait du savoir-faire dont elle est la vitrine. La France a un incroyable talent.

A propos de Susokary :

Ch'timi né en 1978, et motard depuis le berceau qu'aura été le panier de mes vieux, j'ai commencé à rouler de mes propres roues en Honda QR 50, et chevauche aujourd'hui une Kawasaki W650 qui ne demande qu'à être customisée. Encore une "bratstyle à deux balles" ? Web monkey de métier, amateur de bière et passionné de moto, autrefois brasseur de "Chicks and beers", désormais au guidon de "Un pneu dans la tombe", j'apporte ma modeste pierre à l'édifice de quelques entreprises œuvrant dans l'univers motocycliste.

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6 commentaires

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  1. A propos de Susokary...

    C’est surtout filmé avec un bête appareil hybride d’occase…
    Pas ce qu’il y a de mieux pour restituer le son.
    Et puis, à l’arrêt, avec la primaire à courroie et donc l’embrayage à sec, les bruits de transmission se joignent à ceux de la distribution pour tenter de couvrir le râle de l’échappement.
    Posé dessus, en roulant, je pense que ça rend tout autre chose !
    ;)

  2. A propos de Didier Alary...

    Superbe préparation technique, c’est beau.
    Mais nous n’avons aucune idée du prix ; c’est une information qui je pense a son importance…
    Tu nous dis juste qu’il ne s’agit pas de tarifs chinois.

  3. A propos de Susokary...

    Rien que le bloc, la boite, la transmission, le châssis, les roues et les périphériques divers, t’en as pour plus de 20 000,00 EUR si je ne m’abuse.
    Imagine après le temps passé en conception-réalisation sur le reste, et notamment l’échappement, le bac à huile, la fourche, le freinage…
    Sans même parler du réservoir et de la selle, des pièces de carbone, des traitements de surface ; à l’arrivée, je pense que ça revient plus cher qu’une CVO !
    Mais c’est autre chose, et unique, sur mesure.
    ;)

  4. A propos de Olivier Venet...

    Elle est plutôt jolie.
    Et respect pour le gros taf, bravo.
    Bon, par contre elle fait un bruit pas terrible…
    C’est un moteur S&S, et alors ?
    Ca reste un gros v-twin à 45° avec un seul maneton.
    Aussi ça devrait jouer la fameuse musique d’une HD !

  5. A propos de Olivier...

    Gros boulot, superbe réalisation, tout simplement magnifique…
    Bravo Metal Machine.

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