Très contagieux mais nullement dangereux, le virus du custom n’a pas épargné Chopper District, qu’on retrouve au guidon d’une Triumph T100 1966 façon bobber old school…
La dernière fois, avec son acolyte Elliott Griott, ils m’avaient sans vergogne refilé leur « chaude pisse »… Mais si, souvenez-vous, cette Honda CB 400 Four cafe-racer qui vous avait bien plu. Ce coup-ci c’est en solo que notre camarade Chopper District s’est lancé sur un nouveau projet, celui de ce bobber à la savoureuse patine, sur base de Triumph T100 1966 ; une bécane dans son jus mais, espérons-le, pas porteuse de maladies vénériennes pour autant.
Novembre 1940, les Rosbifs habitués aux intempéries essuient un orage d’un genre particulier : une pluie de bombes. En les arrosant les Boches parviennent à détruire une bonne partie de Coventry, dont l’usine chargée de produire la Tiger depuis le début de sa commercialisation l’année précédente. Mais il en faut plus pour abattre nos alliés, qui rapidement remontent une chaîne à Warwick en attendant l’érection, dès 1942, d’une toute nouvelle entité à Meriden. On rapporte que 50 000 machines ont pu y être fabriquées avant même la fin des hostilités !
Cependant pour voir réapparaître le modèle qui nous intéresse aujourd’hui il faut patienter jusqu’en 1946. Celui-ci hérite à la naissance d’un nom évoquant sa capacité à flirter avec les cent miles par heure. Et bénéficiant d’évolutions diverses au fil de l’eau, il fera carrière jusqu’en 1973, année de sa révérence. Apprécié, son twin de 500 cm3 délivre une trentaine de chevaux, lesquels sont transmis par une boite à quatre rapports, et son calage à 360 degrés lui permet de se contenter d’un carburateur unique, Amal, bien évidemment.
Mais voyons ce que le proprio de ce piège a à nous raconter…
« Voilà un bon moment que j’avais le souhait de me trouver une Bonnie, pour en faire un chopper 70’s : guidon apehanger, fourche Springer, jantes Invader… Look de custom assemblé sous acide. Et puis un soir, après une dure journée de boulot, je m’effondre dans le canapé une bière à la main, le smartphone dans l’autre. Le repos mérité du guerrier m’offre un moment de détente, j’en profite pour traîner sur le Web…
Et là, paf ! Je tombe sur une occase au poil pour un montage sympa. Ni une ni deux je contacte le gars, et coup de bol, je suis le premier sur le coup. Rapidement l’affaire est conclue et le voyage de la Franche-Comté vers la Belgique planifié. Seulement voilà, mi-mars c’est la tuile : le premier confinement entraîne la fermeture des frontières. Heureusement les transporteurs gardent le droit de bosser, et donc je me rabats finalement sur un plan B.
Début mai, soit deux semaines à peine avant la naissance de mon fils, je réceptionne enfin l’engin. Découvrant en vrai la ligne générale de cette moto, et les marques du temps qui font son charme, je révise mon plan : à l’évidence elle se prête plus à devenir un bobber assez roots. Le hardtail boulonné est déjà installé, la personnalisation entamée mais avortée, les mecs ayant été absorbés par un autre chantier : la construction d’un belly tank qu’ils ont pu emmener sur le célébrissime lac salé de Bonneville.
Je reprends alors la transformation qui s’étale sur juin et juillet, profitant des siestes du petit pour filer en douce à l’atelier, et assaisonner progressivement à ma sauce cette Triumph T100 1966. Par chance, à force d’arpenter les bourses de pièces, j’ai sous la main tout un bazar d’époque presque suffisant pour ce projet : selle, guidon, phare… Et j’en passe. Laurent Mimard, dit Mimo, m’aide à trouver les éléments d’origine manquant à l’appel, ainsi que le réservoir d’huile Matchless bien raccord.
Pour une petite touche d’originalité supplémentaire, je commande des bouchons de valves chez Bender – Jewelry and Chopper Parts From Outer Space (ça ne s’invente pas !). Le gars, Neko Plus, est un fou furieux des objets kitschs et artisanaux, un créatif biberonné à l’esprit sexe, drogue et rock ‘n’ roll. Le résultat le voilà, sobre, classique, traditionnel comme l’aiment les Anglais. Et c’est mon collègue et ami, Mathias Wadsack, qui s’est chargé de le photographier. »
Est-ce que je suis le seul à avoir envie de la kicker, et de partir avec sur un filet de gaz, au son du poum-poum, pour un petit tour dans les environs ? Je crois bien que je suis contaminé !
C’est clairement « UPDLT », cette moto illustre parfaitement la philosophie.
Et qu’il se rassure, il n’est pas le seul à avoir envie de rouler…