Clin d’œil à « Naked under leather », ce titre, bien sûr, mais aussi à cette illustratrice qui manie à la fois le crayon et le guidon, et que la moto ne manque pas d’inspirer…
Saint Luc. Pour vous, c’est peut-être l’évangéliste que l’on célèbre chaque dix-huit octobre. Pour nous, proches-Lillois, c’est surtout le bahut belge auquel le patron des peintres et des sculpteurs a donné son nom. Connue pour former des créatifs en tout genre, l’école supérieure des arts de Tournai jouit d’une excellente réputation, laquelle pousse de nombreux Français et Françaises à passer quotidiennement la frontière pour y potasser. Et c’est ainsi que Bénédicte Waryn a vécu son adolescence, avant de devenir l’illustratrice que je vous présente aujourd’hui.
« Aussi loin que je me souvienne, je crois que j’ai toujours aimé crayonner. J’avais probablement une appétence naturelle pour l’observation et la création, et cela a convaincu mes parents de m’inscrire dans cette fameuse école d’art en Belgique. »
Créer des bijoux fantaisie, composer des abat-jour stylés, élaborer des costumes de scène, ériger des sculptures de papier… Elle a su au fil du temps mettre à profit ses talents variés. Et depuis quelques années maintenant c’est le dessin qui la fait vivre, le jour en transmettant son savoir aux jeunes étudiants d’un établissement d’enseignement supérieur technique privé, la nuit en faisant naître sur sa planche d’art toutes sortes d’objets poétiques, de personnages romanesques et de créatures fantastiques.
« Je ne pense pas avoir de thème de prédilection. Je réponds à une sorte d’élan (note du taulier : l’impulsion, hein, pas l’animal… sinon ça serait bizarre !). Et le résultat mêle bien souvent des choses que j’aime à mon état d’esprit du moment. je m’efforce de traduire des émotions tout en m’imposant des challenges techniques. »
C’est d’ailleurs avec sa série de thérianthropes qu’elle s’est faite remarquer dans notre milieu. De son propre chef elle a d’abord croqué une hase pilote de cafe-racer, et protégée par une patte d’humain en guise de grigri à la ceinture. Et puis la publication de cette illustration originale sur les réseaux a suscité des commandes personnalisées : un lièvre posé sur son chopper, expédié chez Christopher de Hudson’s Garage en Pennsylvanie ; ou encore un loup au guidon d’une Triumph bien particulière, pour Laurent de KD Motorcycles Belgium en Wallonie. Les plus fidèles lecteurs de UPDLT auront reconnu le dragster rétro « best of show » paru ici même il y a déjà cinq ans maintenant.
« La hase évoquait mon empressement d’alors, une envie d’aller de l’avant, et vite. Ces humains à têtes d’animaux étaient tous réalisés au portemine, et quelques-uns répondaient à la demande de particuliers désireux de voir leur propre silhouette associée à la figure de leur animal favori. »
Si notre camarade se penche à l’occase sur ce sujet qui nous est cher, c’est qu’elle est elle-même motarde, et proprio actuellement d’une Suzuki GT 125 de 1976. « Twin poussif », « cylindres à trous qui puent », dirait Edouard Bracame… Moi j’y vois un beau petit piège, et la passerelle éventuellement vers des bécanes plus imposantes. Bingo ! Elle est justement en train de s’exercer au plateau après avoir obtenu le code en un temps record. Et qui sait ? Les ventes de sa boutique en ligne l’aideront peut-être à s’offrir la machine dont elle rêve en ce moment pour ses futures virées : à savoir une Moto Guzzi V7. Quoi qu’il en soit on retrouve là ses dernières créations, dont la série baptisée « Helmets ».
« J’avais le souhait de travailler d’une autre manière, et de revenir à des visages humains. J’ai donc opté pour le trait anglais, une technique proche de la gravure, et produit ces portraits divers coiffés de casques, comme autant de personnalités différentes mais animées par une passion commune. »
Des profils que vous pourriez bientôt retrouver exposés chez BM et Harley, quelques concessions ayant manifesté leur intérêt pour la diffusion de ces œuvres. Il faut dire que celles-ci ont bénéficié d’une impression typographique, dite letterpress, en relief, sur un papier texturé de premier choix, l’Old Mill Bianco de chez Fedrigoni, pour un rendu d’une profondeur remarquable. En attendant, Bénédicte Waryn les propose via sa propre boutique, aux côtés d’autres illustrations qui pourraient tout autant vous plaire. Après tout, vous vous intéressez bien à d’autres choses qu’à la moto, non ?