Le lac salé de Bonneville, beaucoup en rêvent, mais peu concrétisent.
Guy de Fourty’s Heaven lui est bien décidé à y aller, avec sa Honda CB 125 Twin…
Au départ il devait s’agir d’une Peugeot de 1947, mais après une inspection détaillée Guy s’est rendu compte que de partout le cadre et le reste étaient micro-fissurés. La base est donc rapidement abandonnée, mais pas le projet ! Aller à Bonneville sur le lac salé notre camarade y tient, et il ne risque pas d’y renoncer à la moindre contrariété. « Don’t dream your life, live your dream » dit l’adage, apparemment ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Il se rabat donc sur une Honda CB 125 Twin, mais garde le nom choisi au démarrage : Fourty’s Heaven (« forty-seven », 47, comme l’année de sa Peugeot remisée au fond de l’atelier…).
« Quand mon pote Mike m’a invité à venir présenter ma bécane à Chimay, je n’avais que 2 mois devant moi pour la préparer. Je ne pouvais donc prendre aucun risque et devais partir d’une base saine. »
Je ne l’avais pas encore précisé, mais c’est vrai qu’on a pu apprécier sa machine de près à l’European Hot Rod & Custow Show l’an dernier, dans son pays de naissance, alors que ce Bruxellois d’origine vit maintenant dans un petit hameau montagnard du sud de la France. Pendant que son ami lui dessine un logo, Guy lui se penche donc sur les plans de sa moto : elle sera longue et basse, avec un cadre modifié façon boardtracker rigide. L’empattement apportera plus de stabilité, et des roues de XR 200, en 18 pouces à l’arrière mais surtout 21 à l’avant, un surplus d’effet gyroscopique, les 2 étant plutôt les bienvenus au moment d’affronter une grande ligne droite avec la poignée dans le coin ! Tout cela lui procure aussi une ligne unique, renforcée par la présence de cette selle homemade très particulière, et de ce guidon inversé dont découle une position forcément racée.
« Le bidon de Poney a naturellement trouvé sa place sur ce projet, même si au départ je le destinais plutôt à une Tobec de trial. Mais l’ensemble de cette bécane doit encore être redémonté, pour subir quelques ajustements et recevoir sa finition définitive. »
Un boulot qui n’effraie pas cet artisan polyvalent, ébéniste de métier, qui restaure des meubles le jour et des brèles la nuit… Avec le même plaisir !
« J’aime autant travailler le bois que le métal, les 2 m’éclatent. je dois ça à mon père qui lui était mécano, et grâce à qui j’ai souvent traîné dans le cambouis. Il m’a aussi appris à me débrouiller avec ce que j’ai sous la main, à faire avec les moyens du bord comme on dit. »
Coté moteur, les modifs sont limitées par le règlement de la catégorie dans laquelle notre camarade a prévu de s’inscrire. Le gros du travail va donc se concentrer sur la forme des pots et le polissage de certains composants internes. De toute façon, vu les ressources mises en jeu je doute que l’objectif de Guy soit de pulvériser un record. Mais cela ne l’empêchera sûrement pas de se prendre pour Burt Munro l’espace d’un instant, de savourer la sensation de rouler gaz en grand sans entraves et sous un soleil écrasant, tandis qu’autour de lui un paysage lunaire lui renverra en écho le vacarme de ses échappements… Le pied !
« Les gars de Land Speed Belgium m’ont dit qu’il restait de la place dans leur container, à coté de leur belly. Raph et ses potes ne sont pas contre m’aider, et c’est déjà énorme ! Mais le plus dur reste à faire : trouver des sponsors, car le voyage coûte cher. »
A bon entendeur… On croise les doigts pour toi, Guy. Donne-nous de tes nouvelles, une carte postale de l’Utah ça ferait plaisir ! Et si tu parviens à te faire tirer le portrait sur le sel, avec ta petite Honda CB 125 Twin qui aura traversé l’Atlantique, on publiera bien entendu volontiers les images de cette réalité aux allures de mirage. Good luck !