Notre troisième (et plus long à ce jour) road trip à deux bécanes avait pour but la région Auvergne ; dussions-nous pour l’atteindre affronter une météo pour le moins instable.
Sommaire :
Jour 01 : direction Mesnil-Saint-Père (380 km).
Jour 02 : direction Châtelperron (370 km).
Jour 03 : direction Le Mayet-de-Montagne (130 km).
Jour 04 : direction la piscine (0 km).
Jour 05 : direction Clermont-Ferrand (230 km).
Jour 06 : direction Provins (430 km).
Jour 07 : retour à Lille (350 km).
Dé-bor-dé. Tellement de taf à abattre, ces récents mois, que voilà bientôt un semestre que je n’avais rien écrit. Et dans le lot de ce que je souhaitais publier : les photos de notre dernière « grosse » virée. Peu ou prou deux mille bornes de réseau secondaire, sur une semaine de temps… Pas de quoi impressionner bien sûr les roule-toujours parmi vous ; me dis-je. Néanmoins c’est un fait : année après année j’emmène mon illustratrice préférée de plus en plus loin. En 2021 elle m’avait suivi jusque dans la Somme, en 2022 jusque dans les Vosges, et en 2023, donc, c’est la région Auvergne qui fut notre cap.
Enfin, suivi… En vérité je la laisse bien souvent prendre la tête, car dans le cas contraire elle est la proie d’une crainte infondée : la peur de l’abandon. Comme si elle était du type « poireau pénible », de ces motards trop prudents qui finissent, las que nous sommes de les attendre, par disparaître dans nos rétroviseurs. Non, Béné serait plutôt du genre « touriste tranquille », ce qui me va assez bien finalement. A fortiori par les temps qui courent ; une époque de répression tous azimuts !
Au mieux j’appartiens pour ma part à la catégorie des « lurons ludiques », à peine plus dynamiques. J’évite en tout cas de me prendre pour un « sportif suicidaire », tendance « donneur d’organes », autant que faire se peut. Or avec ma compagne en meneuse de troupe, ceci ne requiert aucun effort : on ne s’éloigne que raisonnablement des limitations de vitesse, le paysage s’offre à nous et notre permis est à l’abri du pire. Bref.
Ainsi on s’est accordé une belle boucle, l’été dernier. Et Béné l’a parcourue sans jamais se plaindre de sa selle ferme, de ses guidons bracelets, ou de la météo capricieuse, laquelle s’est jouée de nous en passant par des extrêmes. Canicule saharienne ; tempête dantesque ; pluie diluvienne… Il fallait bien faire face, et jamais je ne l’ai vue se départir de son sourire. Pas plus d’ailleurs que nos montures ne nous ont (vraiment) fait défaut ; le matériel comme l’équipage a tenu bon ! Contre vents et marées, pour reprendre une expression consacrée. Récit…
Jour 01 : direction Mesnil-Saint-Père (380 km).
La piaule où nous ferons escale ce soir se trouve au cœur du Parc naturel régional de la Forêt d’Orient. Cambrai, Saint-Quentin, Soissons… Et puis Gueux, évidemment. Pas question de passer si près de feu le circuit de Reims, sans faire découvrir l’endroit à ma bien-aimée. Pour ma part je m’y étais déjà arrêté avec les copains, lors de notre dernière venue aux Coupes Moto Légende.
Justement, la suite de notre itinéraire prend pour moi des airs de copié-collé. Sans regret ! Traverser le Parc naturel régional de la Montagne de Reims, via la Route Touristique du Champagne, slalomer entre les vignes à perte de vue, enracinées sur un décor vallonné, le tout dans la lumière d’un soleil déclinant doucement… Peut-on s’en lasser ?
Arrivés à destination, le temps de jeter un œil aux lacs avant de larguer nos bagages, l’heure de l’apéro a sonné. Et c’est donc en observant les derniers baigneurs s’éclabousser, que l’on savoure (à même le sable de la plage) notre première bière de la soirée. Jusque-là la météo est parfaite. Mais ne nous faisons pas d’illusions ; bien entendu cela ne saurait durer.
Jour 02 : direction Châtelperron (370 km).
L’objectif de ce mardi est de rallier le nord de la région Auvergne, l’Allier en l’occurrence. Au programme : enjamber un fameux fleuve à Bar-sur-Seine ; profiter de quasi-épingles à Val-Suzon ; et puis casser la graine à Dijon. Jusqu’ici tout va bien. Il fait déjà plus chaud que la veille, mais même en ville cela demeure supportable.
L’après-midi en revanche, ça se complique ! Plus on approche du Morvan, et plus la température se fait caniculaire, l’atmosphère étouffante. Aussi une pause s’impose ; on s’arrête prendre un rafraîchissement à l’ombre. Mais à l’instant de quitter ce bistrot autunois, voilà que ma W650 me fait un caprice. La mécanique souffrirait-elle autant que nous ?
Mes coups de kick finissent par avoir raison de sa récalcitrance. Cependant l’effet du demi que je viens d’avaler s’est évaporé dans la manœuvre ; me voici en nage ! A ce stade, il nous reste une heure trente de route en théorie. Néanmoins en pratique, je ne déniche pas à Digoin le chemin repéré avant le départ, et nous emmène sur la mauvaise rive de la Loire…
On prend la mesure de mon erreur au moment où l’on sort nos téls, pour nous en remettre au guidage par satellites. C’est alors que le ciel se fait brusquement menaçant. Finie la fournaise, place à l’orage ! Le tonnerre gronde, les éclairs au loin n’annoncent rien qui vaille. Et maintenant choper le prochain pont va nous rallonger d’une bonne vingtaine de bornes.
Une emmerde n’arrivant jamais seule, ce détour nous impose un ravitaillement. Eh tiens ! Un déluge de grêle commence à s’abattre sur nous, tandis que l’on déniche une station (lugubre mais heureusement fonctionnelle). Vigilance orange, qu’y z’avaient dit sur les réseaux. Bingo ! Par conséquent, c’est quelque peu trempés et désorientés que l’on déniche la cabane de nos potes, au bout du compte.
Au bout du monde, devrais-je dire ? En rase campagne en tout cas. Toutefois, leur accueil chaleureux, l’apéro vite servi, et le fumet du poulet grillant sur le barbecue, c’est plus de réconfort que n’en requiert notre état.
Jour 03 : direction Le Mayet-de-Montagne (130 km).
La tempête de la nuit a laissé des traces ! La Montagne bourbonnaise est notre terrain de jeu du jour ; et le jeu en question implique notamment de slalomer entre les branches éparpillées sur la chaussée. On s’amuse également dans les virages, naturellement. Mais tout en restant prudent. Car ceux aveugles pourraient éventuellement nous réserver une surprise, du genre arbre abattu ou poteau arraché…
Rien de tel finalement. Cependant l’adhérence demeurant aléatoire, nous nous en tenons à danser sur le gras du couple. Et c’est assez pour apprécier les nombreux pif-pafs qui s’enchaînent. Voilà un coin que je ne connaissais pas ; et que j’apprécie de découvrir à bécane. Cerise sur le gâteau le temps est plutôt doux et sec, parfait pour rouler !
Jour 04: direction la piscine (0 km).
Nous avions décidé de profiter autrement de cette journée à mi-parcours ; et l’on s’y tient. Cette fois on laisse nos machines à l’abri, pour embarquer dans le break des copains direction le marché voisin. Nous faisons connaissance avec le boucher, le fromager, le maraîcher… Avec les bonshommes comme avec leurs produits.
Au retour dans notre cabas, se cache une belle épaule d’agneau et ce qu’il faut pour l’accompagner. En attendant l’heure de l’apéro on pique une tête. Et puis une chose en entraînant une autre… La soirée s’éternise au point qu’on en attaque les bouteilles dépourvues d’étiquettes, tout en observant les étoiles. L’astronomie est sans doute la seconde passion de mon pote, après le piano.
Bref, voilà qu’on refait le monde jusqu’à trois heures du mat’. On tâche de tenir des propos cohérents, tant sur la physique quantique que concernant la justice fiscale… Mais pertinents, le sommes-nous réellement ? Aussi tard dans la nuit, seules quelques bestioles sont encore éveillées. Personne n’est en mesure de nous juger ; ni même de témoigner.
Jour 05 : direction Clermont-Ferrand (230 km).
C’est le moment de dire ciao à nos hôtes, pour rejoindre d’autres camarades. En l’occurrence ceux de notre groupe local, alors que ma dernière descente en région Auvergne remonte à 2015. Inutile de vous dire que je me fais une joie de leur rendre à nouveau visite, et en particulier de revoir Victor dans son milieu naturel.
La joyeuse bande nous attend sur la plage de Confolant ; une excellente idée ! Les températures ayant quasiment retrouvé leur niveau du début de semaine, nous apprécions Béné et moi de pouvoir nous immerger dans l’eau du lac, aussi cristalline que rafraîchissante. Bizarre, l’endroit (pourtant appréciable à nos yeux) n’amasse pas foule… Certes, il se mérite.
Néanmoins la route qui nous a conduits ici était parfaite elle aussi ! Et également déserte, d’ailleurs. Un bitume comme neuf, des voies larges, et pas un radar ou un uniforme à l’horizon… Oh, pas de quoi nous pousser à rouler comme des cinglés pour autant. Mais le fait de pouvoir profiter pleinement du parcours, adapter notre vitesse à ce que l’on observe et enchaîner les trajectoires fluides, plutôt qu’avoir les yeux rivés sur le compteur et le stress d’être éventuellement pris en défaut, cela devient rare ! Pourvu que personne ne vienne gâcher la chose, en abusant des lieux au point de justifier l’investissement dans de nouveaux percepteurs automatiques…
Ainsi la virée qui nous ramène en ville est un régal, que même le décès d’un régulateur ne parvient pas à ternir. On perd pourtant un peu de temps à attendre la dépanneuse. Toutefois nous atteignons notre destination pile au moment de l’happy hour. Quelques bières, quelques pizzas… On tisse des liens ; mais vient fatalement l’instant des au revoir.
Surtout qu’un long périple s’annonce, pour ce qui nous concerne, le lendemain. On regagne donc notre piaule sur les hauteurs ; tandis que les feux d’artifice du 14 juillet s’achèvent. On entend (sans le voir malgré le panorama) un bouquet final. Et puis le silence se fait. Il se profile une nuit tranquille, nous devrions je suppose prendre le départ suffisamment reposés.
Jour 06 : direction Provins (430 km).
Cette fois, ça y est, nous amorçons notre remontée. Et au programme ce samedi : la traversée du Morvan. D’aucuns nous ont dit du bien de ce coin ; aussi nous sommes curieux de le découvrir. Pas de bol, cette journée la plus chargée en bornes à parcourir, s’annonce également la plus pourrie sur le plan de la météo. En conséquence on s’équipe dès le départ…
Rapidement les premières gouttes viennent nous donner raison. Que faire ? Pas le choix, il nous faut avancer. D’ordinaire un temps pareil nous inciterait à renoncer ; mais ici impossible de reporter la virée. Nous sommes soumis à des impératifs. Alors on affronte l’humidité et la fraîcheur. Et finalement, on oublie un peu ces éléments en arrivant sur les routes du parc naturel régional…
Nous voilà slalomant entre de belles bâtisses, sur des départementales désertes. L’endroit est atypique, et plutôt agréable. Pour pique-niquer nous misons sur un plan d’eau aperçu sur la carte : le lac de Pannecière. Atteindre la rive opposée requiert d’emprunter la crête du barrage hydroélectrique qui conditionne son existence. C’est beau, cette infrastructure. Et Dieu sait combien de foyers lui doivent de disposer d’une précieuse énergie !
De l’autre côté on rencontre une foule de motards, dont une majorité de mecs en enduro. Pour ce qui nous concerne on s’en tient au macadam. Ceux-là, à en juger par leur état, doivent connaitre plus d’un chemin sentant la noisette ! Encore que, on est à peine moins crottés, Béné et moi… Nous avalons nos sandwichs sous un ciel bien bas, une hygrométrie pesante. Un café s’impose pour se réchauffer. On s’arrête donc brièvement à l’auberge, avant de reprendre nos bécanes pour de bon.
La route par laquelle on s’échappe est pour le moins remarquable. Etroite, elle est comme prise en étau entre une paroi rocheuse envahie par la végétation, et une rivière à peine en contrebas de la chaussée. Le courant est impressionnant ! Aussi je m’en méfie, car je crois deviner que l’on se trouve sur une voie submersible. Elle s’avère en définitive praticable. Mais à une intersection, c’est ma compagne qui est prise d’un doute :
« T’as pas peur qu’on tombe en panne d’essence… ? »
J’admets qu’on roule depuis un moment, et qu’il est peu probable que l’on aperçoive une pompe sur la prochaine portion. Cependant nous ne sommes pas encore en réserve, et au bout des 25 km de désert annoncés par le GPS il doit bien se trouver une oasis. Mirage… Finalement je dois prestement inverser mon robinet, et dans les montées ma Kawa a comme le hoquet. Ca craint !
Rien de grave, me direz-vous. Il suffit d’attendre là un bon samaritain, de se faire conduire au point de ravitaillement le plus proche, d’y dénicher un récipient adapté, et puis de refaire le chemin en sens inverse. Certes. Sauf qu’on a pas croisé un bédouin depuis des dunes ! Façon de parler. Nous n’avons surtout pas envie de prendre racine sous ce crachin qui nous arrose depuis le matin.
Comprenez qu’il faudra bien que l’un de nous poireaute avec les bagages, tandis que l’autre part à la chasse au carburant. Et qu’inévitablement ce temps perdu s’ajoutera à celui initialement prévu. C’est d’autant plus regrettable aujourd’hui, alors que le programme est déjà chargé ! Conscient de tout cela ; je supplie la chance de tourner en notre faveur. Et l’issue de cette pampa, de ce no man’s land se profilant, cela semble fonctionner…
Au premier village rencontré je déchante : pas même un panneau de supermarché. Le suivant ? Pas mieux : aucun distributeur d’énergie fossile à l’horizon… A ce stade je scrute chaque cour de ferme en espérant y apercevoir un paysan, sinon l’indice d’une présence de sans plomb. On se croirait dans le trou du cul du monde ! C’est beau, mais piégeux comme endroit.
Et pour finir, à l’entrée du quatrième bled, in extremis : apparaissent au détour d’un rond point deux pistolets se tournant le dos. Le soulagement est tel que nous sommes instantanément pris d’un fou rire à n’en plus finir ! Pas simple, je dois dire, de manœuvrer son engin, couper le contact, sortir la béquille, et dégainer son larfeuille… Tout en se tenant les côtes.
Nous essuyions des larmes de joie en même temps que nous remplissons nos réservoirs. Ce trajet que l’on appréhendait presque (du fait de la distance et de la météo) vient ni plus ni moins que de nous offrir notre meilleur souvenir du séjour… Toutefois la journée n’est pas terminée. D’ailleurs il n’est pas si tard que ça lorsque nous atteignons la piaule que nous avons réservée. L’endroit est encore plus épatant en vrai que dans l’annonce qui nous avait séduits. Nous sommes sous le charme !
Pour ne rien gâcher le couple de jeunes proprios (qui retape cette colossale ferme du Moyen Âge) est également amateur de belles mécaniques (à deux ou quatre roues). La conversation s’entame facilement. Nous les félicitons pour leurs bons goûts. Puis eux nous suggèrent de passer la soirée sur Provins, où ont lieu ce soir « Les ripailles de Saint-Ayoul ».
Ils nous recommandent deux-trois adresses où casser la graine, et nous informent que sur les hauteurs de la ville, le quartier historique est interdit à la circulation. Ok. On s’allège des bagages avant de reprendre la route, cernée par les champs. Le soleil est de retour. Aidé du vent il commence à nous sécher doucement.
Finalement nous arrivons à destination et découvrons les festivités : de la musique, quelques stands… Et un paquet de gens ! Il faut visiblement s’armer de patience pour obtenir sa part de cochon grillé. Soit ; allons découvrir cette collégiale Saint-Quiriace, la tour César voisine, et les ruelles médiévales à l’entour. On tente de s’approcher autant que possible à bécane. Cependant, au bout de cinq-cents mètres seulement, une petite barrière condamne la moitié de la chaussée (sans plus d’indication).
On emprunte par conséquent la perpendiculaire ; puis la perpendiculaire de la perpendiculaire ; puis… Enfin, vous m’avez compris. Tant et si bien qu’on se retrouve rapidement sur une côte conduisant au sommet. Plus on grimpe (sur un modeste filet de gaz), plus les regards désapprobateurs se font pesants. Aurait-on loupé le panneau interdisant de rouler là ? C’est possible.
Tant pis, au stade où nous en sommes, nous persistons jusqu’à la place où se jouxtent les restos pièges-à-touristes. La bamboche des gueux, en bas, fait vraisemblablement rétention : il n’y a pas foule ici. Nous trouvons un coin sombre dans une impasse pour planquer nos motos, et poursuivons notre exploration à pied. Or cette balade achève de nous filer les crocs.
Aussi nous décidons de redescendre pour traiter ce problème d’appétit. Mais à peine les machines démarrées, au coin de notre cachette, une bagnole de keufs à cent-cinquante mètres active ses gyros. En ont-ils après nous ? Je préfère ne pas savoir… Et dans un réflexe lance :
« Vingt-deux, y a les flics ! »
Il n’en faut pas plus pour alerter Béné, qui m’emboîte immédiatement les roues. Pas d’imprudence ; on ne veut mettre personne en danger. Toutefois le rythme de la fuite n’est pas celui de l’ascension. Et tandis que nos suspensions couinent dans les ornières des pavés ancestraux, voilà que nous devenons la proie d’un nouveau fou rire ! C’est que nous jouons rarement au chat et à la souris avec les autorités, alors que cette activité (tant qu’elle reste comme ici sans incidence) est quand même assez amusante.
On se réfugie finalement dans une cantoche recommandée par les locaux ; plutôt satisfaits de notre journée il faut bien l’avouer. Et dire que sur le papier elle s’annonçait la moins drôle. Comme quoi…
Jour 07 : retour à Lille (350 km).
Tout a une fin, énonce la règle. Et notre road trip à destination de la région Auvergne (au contraire de l’univers parait-il) n’y fait pas exception. Nos obligations malheureusement nous rappellent, voilà tout. Pas grand chose à dire à propos de cette dernière étape qui nous ramène à notre train-train ; mais par chance avec plus d’un bon souvenir dans la caboche.
On fait une pause à Laon, pour déguster un excellent dal chez un Paki qui vient d’ouvrir. Et puis une autre à Avesnes-sur-Helpe, pour commander une bière qui fera office de goûter. Plus on avance, et plus les routes nous sont familières. Vivement la prochaine virée en amoureux…